Le mauvais sacre de Sarkosy

Publié le par La Gauche de Mandelieu la Napoule

FH | Notes | Mardi, 22 juillet 2008

Nicolas Sarkozy cherchait une victoire sur les institutions, mais d’abord sur sa majorité pour la soumettre, et sur l’opposition pour la diviser. Il cherchait une victoire pour redorer un blason déprécié par un an d’échecs et d’injustices. Il voulait une victoire pour faire oublier tout le reste, ses comportements, ses emballements, ses excès, ses erreurs, et pour finir, une crise économique et morale.

Il voulait une victoire et ne répugnait à aucune manœuvre : pressions sur ses propres amis, menaces d’un redécoupage dont tel ou tel député pourrait se retrouver victime, promesses de faveur, de promotion, voir de domination… Tout se négociait, se payait, s’arrachait. Une voix est une voix, qu’importent les moyens.

Les radicaux de gauche faisaient l’objet de toutes les sollicitations. Un groupe leur était proposé à l’Assemblée nationale et au Sénat, jusqu’à offrir à l’un de leurs anciens présidents, une élévation au titre de Conseiller d’État.
Finalement la victoire de Nicolas Sarkozy fut celle de Pyrrhus. À peine deux voix. Celle du Président de l’Assemblée nationale, Président du Congrès, qui par tradition ne devait pas voter et l’a fait. Et celle de Jack Lang, dont on savait depuis le départ, depuis sa présence dans la Commission Balladur, qu’il avait été prévu pour ça. Mais quand même, quelle petite marge pour une petite réforme, illustrant de petites manœuvres.

Je veux donner deux rendez-vous après ce Versailles, journée des dupes. Le premier c’est l’année prochaine, même jour même heure, pour constater ce qu’il en est de l’application de la réforme. Je prends le pari, hélas, que c’est le Président de la République qui aura, par la révision de la Constitution, encore élargit ses pouvoirs, et que ce qui a été concédé au Parlement, ne sera en définitive que virtualité, illusion, miette, poussière. Et puis le second rendez-vous, c’est celui d’une vraie réforme de nos institutions, celle que la gauche doit au pays et qui devra être présentée en 2012 à l’occasion des élections présidentielles.

Mais ce qui a été le plus symbolique, comme illustration de l’omniprésidence de Nicolas Sarkozy, c’est ce que j’appelle la métaphore de Dublin. C’est en effet dans la capitale Irlandaise que Nicolas Sarkozy, lors d’une conférence de presse à côté du Premier ministre de ce beau pays, a commenté ce qu’il appelait « sa victoire » et qu’il a jeté ses feux sur une opposition supposée rigide, conservatrice, immobile. Incroyable spectacle que de voir un Président Français en déplacement dans un pays européen se livrer à une joute de politique intérieure devant un Premier ministre Irlandais médusé, n’en croyant pas ses yeux. Quelle confusion des genres, des rôles, des lieux, des places.

Nicolas Sarkozy veut être partout, parler partout. À Dublin pour commenter le petit OUI à la Constitution, et bientôt au Congrès de Versailles où il pourra s’exprimer, puisque c’est ce qu’il voulait, pour parler peut-être du NON des Irlandais. Allez comprendre… C’est pourtant simple, Nicolas Sarkozy veut être le seul acteur de la vie publique, le seul à parler, le seul à décider, le seul à se contempler, à se regarder agir pendant que les Français, ravalés au rang de spectateurs, aspirent pourtant à dire leur mot en citoyens. Le jour de la démocratie sera celui précisément où les citoyens prendront la responsabilité d’arrêter le spectacle.

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